MALADIE DE DUPUYTREN
Description de la pathologie
La maladie de Dupuytren est une affection de la main qui se caractérise par une flexion irréductible contre la paume de certains doigts, le plus fréquemment l’annulaire et l’auriculaire. Cette affection est habituellement présente dans nos gènes dès la naissance, mais son développement s’installe généralement vers l’âge de 40 à 50 ans. Bien que le plus souvent non douloureuse, elle s’alourdit progressivement. Au fur et mesure de l’aggravation des lésions, l’extension (l’allongement) des doigts est de plus en plus difficile. Ils restent en permanence fléchis vers la paume. À la longue, il devient pratiquement impossible d’ouvrir la main complètement ou d’allonger totalement les doigts. Cela gêne la prise d’objets et les activités courantes peuvent en souffrir.
La maladie de Dupuytren peut atteindre une seule main mais elle touche habituellement les deux. Pour des raisons inconnues, les hommes sont plus souvent atteints que les femmes. Très répandue dans le monde et particulièrement dans les pays scandinaves, elle touche 10% de la population en France.
La maladie décrite par le Baron Guillaume Dupuytren consiste en une fibrose rétractile de l’aponévrose palmaire entraînant une rétraction et une flexion progressive et irréductible des doigts. L’aponévrose palmaire est une membrane fibreuse enveloppant les muscles de la paume de la main et formant une séparation entre eux. Elle située sous la peau de la paume de la main et des doigts. Son épaississement s’accompagne d’une rétraction qui limite l’extension des doigts et peut infiltrer la peau
Les nodules fibreux durs qui accompagnent les brides de rétraction sont palpables sous la peau au début de la maladie et visibles à l’œil nu à un stade avancé.
Exemples de rétraction digitale causée par la maladie de Dupuytren
On ne connaît pas encore la cause exacte de la maladie de Dupuytren, mais certains facteurs ont été associés à cette affection, notamment : l’âge et le sexe (plus courante chez les hommes de 50 ans et plus), les antécédents familiaux, l'alcoolisme, le diabète sucré (4 fois plus de Dupuytren chez les diabétiques), les traumas de la main. Bien que le lien avec le travail ne soit pas encore reconnu, certaines recherches indiquent que les travaux manuels très exigeants et l'exposition à des vibrations pourraient être associés à la maladie de Dupuytren. On note une aggravation à l’arrêt de l’activité professionnelle.
Traitements médicaux et chirurgicaux de la maladie de Dupuytren
Un traitement ne doit être envisagé que si la rétraction empêche l’extension complète des doigts. Pour vérifier cela, il existe un test très simple : le test de l’extension des doigts. Le principe est d’essayer de mettre la main bien à plat sur la table.
Les traitements médicaux possibles sont les médicaments, la physiothérapie, l'injection d'enzymes, la vitamine E, la radiothérapie, les ultrasons, l'injection de stéroïdes et d’agents collagénolytiques.
Lorsque le diagnostic de la maladie est correctement posé, le traitement largement reconnu demeure encore aujourd'hui la chirurgie. Deux grands types de traitement sont possibles : l’aponévrotomie et l’aponevrectomie.
L’aponévrotomie percutanée à l’aiguille est une technique ambulatoire dont le but est de sectionner des brides aponévrotiques en pratiquant une série de petits trous à l’aide du biseau de l’aiguille. La rupture de la masse pourra être complétée par une hyperextension du doigt. Il s’agit d’un traitement simple, quasi indolore, rapide et très efficace à court et moyen terme. Les risques de complications associés au traitement percutané sont rares puisqu’il ne s’agit pas d’une chirurgie invasive. Le principal étant la présence d’une légère accumulation de sang sous la peau suite au traitement. Mais cette complication est souvent temporaire. Une enflure et un sentiment d’inconfort peuvent persister pendant quelques jours.
L’aponévrectomie se déroule au bloc opératoire sous anesthésie locale. Elle consiste à ôter le plus de tissus pathologiques possible. Il s’agit d’une chirurgie délicate car les nerfs sont au contact des brides à enlever. Lorsque la rétraction est importante et ancienne, les articulations elles-mêmes s’enraidissent et il n’est pas toujours possible de retrouver une extension complète. Parfois, la paume de la main doit être laissée ouverte. Une greffe de peau peut être nécessaire lorsque la peau est envahie ou s’il s’agit d’une récidive. Cette greffe sera le plus souvent prélevée sur le membre anesthésié (avant-bras ou bras) laissant une cicatrice filiforme. Un lambeau local est parfois utile en particulier pour le 5e doigt.
Exemples d'incisions pour les interventions chirurgicales de la maladie de Dupuytren
Suites et complications possibles de la chirurgie de la maladie de Dupuytren
Dans tous les cas, l’intervention chirurgicale est suivie de la mise en place d’un appareillage amovible pour maintenir les doigts en extension surtout la nuit pendant quelques semaines. Une sensation de fourmillement dans les doigts peut être ressentie pendant quelques semaines.
La maladie peut récidiver à long terme, même après une chirurgie bien réalisée (au bout de 5 à 10 ans en moyenne). Une ou plusieurs réinterventions restent possibles, espacées de plusieurs mois ou années. Par ailleurs la maladie peut aussi s’étendre à d’autres doigts nécessitant une nouvelle intervention.
