L'arthrose digitale

L’arthrose est une maladie touchant les articulations. Cette pathologie va causer une dégradation du cartilage, accompagnée de prolifération osseuse ou de formation de kystes dans l'os.

Il est courant que l'arthrose touche les doigts. Elle va affecter l'ensemble de l'articulation :

• Cartilage ;
• Ligaments ;
• Membrane synoviale ;
• Muscles ;
• Tendons ;
• Os.

L'arthrose digitale se manifeste généralement dans les articulations des deux dernières phalanges des doigts. On parle alors d'arthrose des inter-phalangiennes distales (IPD).

Lorsqu'elle est localisée à la base du pouce, on parle d'arthrose de l'articulation trapèzo-métacarpienne ou rhizarthrose. Exceptionnellement, il arrive qu'elle affecte les deux premières phalanges, on parlera alors d'arthrose des inter-phalangiennes proximales (IPP).

Les deux mains à la fois seront affectées, tout comme plusieurs articulations. D'après les estimations, 60% des personnes âgées de 65 à 75 ans seront touchées par cette maladie. Les femmes ménopausées sont d'avantages sujettes à cette maladie que les hommes.

En revanche, seule une infime proportion de ces femmes ressentira de la douleur. Malgré l'absence éventuelle de douleur, la déformation nodulaire inesthétique peut être difficile à vivre.

L'arthrose IPD va entraîner l’apparition de nodosité d'Herberden. Il s'agit d'excroissances osseuses localisées au niveau des articulations du bout des doigts, se manifestant par l’apparition de petites boules. Il est possible que ces nodosités soient précédées ou suivies de kystes mucoïdes sur la face dorsale des doigts (côté ongles). Outre le côté disgracieux, ils présentent un risque de fistulisation. Si l'arthrose des inter-phalangiennes digitales (IPD) est très courante, elle est en règle générale, peu invalidante pour le malade.

Cette pathologie est considérée comme bénigne, en effet, plus de 90% des patients atteints cessent de ressentir de la douleur après 10 ans d'évolution. Elle se déclenche généralement entre 40 et 60 ans, elle va apparaître le plus souvent insidieusement et pouvant être entrecoupée de poussées inflammatoires.

L'arthrose IPP, va entraîner l'apparition de nodosité de Bouchard. Cette pathologie est plus rare, elle est souvent la preuve d'une maladie diffuse du cartilage. Elle présente un caractère plus invalidant compte tenu la gêne dans la prise d'objet qu'elle provoque.

Bien que pas toujours douloureuse, la présence des déformations inesthétiques des articulations peut motiver une intervention chirurgicale.

Voici une liste de raisons en faveur d'une intervention chirurgicale :

• Les articulations se déforment ;
• Les articulations se désaxent ;
• Les articulations gonflent ;
• Des kystes apparaissent ;
• La mobilité se réduit.

S'il y a quelques années, on supposait que la maladie avait pour cause le vieillissement, on sait aujourd'hui que la situation est bien plus complexe.

Actuellement, on suppose que la maladie, n'est pas une conséquence du vieillissement, mais serait induite par des modifications biochimiques, et la présence de forces biomécaniques affectant le cartilage articulaire. Si chez 3 patients sur 4, elle possède un facteur génétique, très régulièrement des causes traumatiques et micro-traumatiques y sont associées. Chez la femme, elle va se manifester à la ménopause. L'obésité est un facteur néfaste dans l'apparition et le développement de l'arthrose du genou et de la main.

Dans les cas où il s'agit d'arthrose douloureuse, la douleur sera intermittente et se manifestera sous forme de poussées. L'atteinte sévère érosive, avec présence de lésions osseuses radiologique est heureusement exceptionnelle. Douleur et déformations se stabilisent généralement après plusieurs années d'évolution.

C'est grâce aux radiographies que le diagnostic d'arthrose est confirmé. De plus, l'étude de la radiographie permettra d'évaluer s'il y a présence d'une érosion et de déterminer combien d'articulations sont atteintes. À un stade précoce, les radiographies vont apparaître normales ou présenter des signes presque invisibles d'arthrose, comme un début de pincement de l'interligne articulaire ou une hypertrophie des épiphyses.

Dans le cas où les douleurs sont modérées et qu'un petit nombre d'articulations sont atteintes, il sera préférable de recourir à un traitement local, plutôt qu'à un traitement systémique. Dans la plupart des cas ils soulageront efficacement les douleurs, et préviendront les déformations.

L'ergothérapie est l'un de ces traitements locaux. Il s'agit une rééducation basée sur des exercices d'étirement avec pour objectifs :

• Éviter les facteurs mécaniques défavorables ;
• Accentuer la mobilité musculaire et la force en appliquant au préalable une source de chaleur, comme de la cire de paraffine, un pansement chauffant ;
• L'utilisation d'ultrasons avant les exercices.

Lorsque les nodosités apparaissent, il va être nécessaire d'immobiliser temporairement la main dans le but de soulager celle-ci. Lorsque l'articulation est mise au repos à l'aide d'attelle sur-mesure, ceci engendre un soulagement de la douleur.

Ce traitement présente aussi le potentiel de prévenir des déformations ultérieures (principalement les IPD et de base de pouce qui apparaissent lors des poussées inflammatoires).

Lors des épisodes de crises douloureuses, le traitement médical sera tout indiqué. Des antalgiques comme le paracétamol (maximum 4gr par jour) a l'avantage d'être efficace et d'offrir une sécurité d'emploi.

Dans le cas de malade chez qui le paracétamol est inopérant, la capsaïcine et des anti-inflammatoires non-stéroïdiens peuvent prendre le relais, mais, sur la période la plus courte possible.

Parce que les articulations sont proches de la peau, les applications sous forme de gel dans la majorité des cas suffit à stopper la poussée inflammatoire.

La chirurgie de l'arthrose est une intervention dédiée à des cas exceptionnels à cause du caractère diffus et extensif de la maladie.

Une intervention chirurgicale peut être motivée suivant l'âge du patient et de l'incidence de l'arthrose sur sa vie.

Voici quelques indications pour une intervention chirurgicale :

• Ablation de kyste mucoïde ;

• Dénervation articulaire ;

• Remplacement par prothèse dans l'objectif de réduire ou supprimer la douleur et de restaurer de la mobilité perdue (spacers, prothèses de remplacement, arthrodèse).

Il est également possible de supprimer les nodules d'Heberden disgracieux et de réaliser un « nettoyage articulaire » par voie chirurgicale.

En cas de réduction de la mobilité, conséquente induite par une raideur articulaire, il est possible de bloquer l'articulation distale en position légèrement repliée.

La chirurgie sera réalisée sous anesthésie régionale.

Il sera nécessaire de prévoir une période de consolidation des articulations de 6 à 8 semaines pendant laquelle les phalanges seront maintenues par des broches.

Hormis les complications inhérentes à toute intervention de chirurgie, il existe des complications propres à la chirurgie de l'arthrose digitale :

• Absence de consolidation des articulations ;

• Consolidation des articulations dans une mauvaise position ;

• Douleurs toujours présentes après intervention ;

• Infection de la prothèse ;

• Réduction de la mobilité des articulations ayant subi une ablation de kystes ou nodules ;

• Réduction de la force dans les mains ;

• Rupture de la prothèse.